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INTERVIEW DE JEAN-CLAUDE MAILLY: «ÉCARTER CE TEXTE»

INTERVIEW DE JEAN-CLAUDE MAILLY: «ÉCARTER CE TEXTE»


3 septembre 2010 06h00 | http://www.sudouest.fr http://www.sudouest.fr


« Sud Ouest ». Christine Lagarde a annoncé hier que le chômage avait baissé pendant deux trimestres consécutifs. Bonne nouvelle ?


Jean-Claude Mailly:


Il vaut mieux qu'elle puisse annoncer cela qu'autre chose, mais je reste très prudent. Quand on analyse les derniers chiffres, le chômage de longue durée augmente - et pas seulement en France -, le taux d'emploi des seniors reste mauvais et la situation économique reste fragile, aussi bien en Europe qu'aux États-Unis. 

 

Et l'une de mes craintes, c'est que la mise en place des plans de rigueur ne refroidisse encore un peu plus l'activité économique. 


C'est pour cela qu'elle a renoncé à toute augmentation des impôts avant 2012 ?

 

J'ai bien écouté aussi le ministre du Budget, qui a expliqué qu'il faudrait les augmenter en 2013. Ce que je reproche au gouvernement français, comme à ses homologues européens, c'est de rester dans la même logique qu'avant la crise. 


En attendant, Force ouvrière se prépare à la rentrée sociale le 7 septembre sur les retraites ?


Cette journée sera importante et j'espère bien que nous dépasserons les 2 millions de manifestants qui s'étaient rassemblés le 24 juin.

 

C'est indispensable, il faut que cette journée soit très réussie. Plus nous serons nombreux, plus cela pèsera sur le gouvernement. 

Je ne dis pas que cela le fera reculer du jour au lendemain, mais les informations qui me remontent des départements me montrent que la mobilisation est réelle. 

Je la sens bien partie.

 

Malgré la campagne de communication intensive du gouvernement, les gens ont du bon sens et ils ont bien compris que cette réforme ne réglera pas le problème financier et que cette réforme leur fait payer la crise financière. 


Une mobilisation sur deux mots d'ordre différents, celui de l'intersyndicale et le vôtre ?

 
Ce qui est important, c'est qu'il y ait unité d'action. 


Les objectifs sont-ils les mêmes ?

 
Avec des nuances. Je n'ai d'ordre à donner à personne et je ne veux pas qu'on m'en donne non plus. François Chérèque a tenté une ouverture dans « Le Monde » mercredi soir et Éric Woerth lui a fermé la porte au nez hier matin.


Cela montre la justesse de la position de FO, qui trouve cette réforme injuste et inacceptable. Comme le gouvernement ne veut rien modifier, il faut écarter ce texte pour avoir une autre réforme, parce que nous n'avons jamais dit qu'il fallait en rester au statu quo. 


Les « avancées » que souhaite François Chérèque seraient insuffisantes selon vous ?


La logique du gouvernement est financière pour montrer que la réforme des retraites s'inscrit dans un plan de rigueur. C'est un marqueur politique.

 

Nous voulons au contraire préserver le système des retraites pour les générations actuelles, mais aussi pour les jeunes générations.

Le projet du gouvernement ne leur garantit rien, parce qu'il n'est même pas équilibré financièrement.

 
L'affaiblissement politique d'Éric Woerth n'est-il pas un problème pour les syndicats aussi ?


Affaibli, il l'est. Ce n'est pas un scoop de le dire, mais ce ne sont pas les syndicats qui décident quel est leur interlocuteur, c'est au gouvernement de prendre ses responsabilités. Ce qui m'importe, c'est de faire changer le gouvernement de position, quel que soit le ministre en charge du dossier. 


Éric Woerth ne mènerait pas le projet jusqu'au bout ?

 
Je n'en sais rien. Ce qui m'importe, c'est de savoir quel est le rapport de force qu'on établit sur une durée courte puisque le gouvernement est pressé.

C'est la seule chose qui peut le faire changer.

 

Pendant le CPE, le gouvernement refusait de modifier sa position et puis il a cédé.

Ce rapport de force, on le mènera quel que soit le ministre en charge du dossier. 


Cela signifie d'autres manifestations très rapidement ?

 
L'intersyndicale examinera le résultat de la journée d'action le 8 septembre. Ce n'est qu'à ce moment qu'on verra ce qu'il est possible de faire. 


Propos recueillis par JEAN-PIERRE DEROUDILLE



04/09/2010
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