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Stress au travail : la crainte des dérapages estivaux

 
Source: Lesechos.fr

Le 06/08/10 - 01H00 - Les Échos 

Le sentiment plus fort d'isolement pendant l'été peut conduire des salariés à tenter de se suicider. Les cabinets spécialisés mettent en garde les entreprisesLes tentatives de suicide de salariés font moins la une de l'actualité.

Cela n'empêche pas les chefs d'entreprise et les experts de rester aux aguets. Chez France Télécom, si la direction se refuse désormais à tenir une comptabilité morbide, les syndicats estiment qu'il y a déjà eu 17 suicides cette année.

Un chiffre qui reste important au regard des 35 cas dénombrés officiellement en 2008 et 2009, qui avaient entraîné une crise profonde.

Le Syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste a, quant à lui, écrit récemment au président du groupe, Jean-Paul Bailly, ainsi qu'aux ministres de l'Economie (Christine Lagarde), de la Santé (Roselyne Bachelot) et du Travail (Eric Woerth) pour alerter sur le malaise des salariés. 

Les risques sont pris d'autant plus au sérieux que, contrairement à une idée reçue, ce n'est pas en automne ou en hiver que l'on assiste le plus à des actes désespérés ou extrêmes.

C'est ce qu'affirme notamment Jacques Rondeleux, directeur général de l'Institut d'accompagnement psychologique et de ressources (IAPR), un cabinet spécialisé dans la prévention et l'accompagnement des risques et troubles, qui a notamment travaillé avec France Télécom mais aussi Pôle emploi, la RATP, Lafarge ou Teleperformance.

« L'été est souvent plus propice que les autres saisons à une montée des risques psychosociaux dans les entreprises ou les administrations », explique-t-il. La raison ?

La chaleur, bien sûr, qui exacerbe plus que d'habitude la sensibilité des personnes, mais aussi l'atonie de la pause estivale.

« Le sentiment d'isolement est souvent plus grand pendant les mois d'été et peut être accentué aussi bien par la surcharge de travail due à l'absence des collègues que, au contraire, par une moindre charge de travail. »

Surtout dans un contexte de crise économique persistante et de climat social toujours pesant. « L'été, nous constatons toujours une hausse des appels aux numéros verts que nous mettons en place avec les entreprises », poursuit Jacques Rondeleux, qui préconise à ses clients de renforcer la communication sur les outils d'accompagnement mis en place, qu'il s'agisse de la médecine du travail, des cellules d'écoute et de soutien psychologique, ou bien encore des numéros verts. Succès des numéros vertsMême si le marché est encore embryonnaire, ceux-ci sont de plus en plus souvent utilisés, discrètement, par les entreprises.

« C'est vrai que nous sommes d'autant plus vigilants que le climat est tendu du fait de la crise que traverse le secteur, explique le DRH d'un sous-traitant automobile. Nous agissons dans le cadre d'une communication plus large sur la pénibilité car il ne s'agit pas non plus d'affoler. »

Les numéros verts connaissent un succès grandissant auprès de salariés, plus enclins à parler à une personne extérieure à leur lieu de travail.

« Lorsque nous avons des appels alarmants, nous alertons les services chargés des ressources humaines », explique-t-on chez Psya. Ce cabinet spécialisé dans la gestion des risques psycho-sociaux traite de 30 à 50 appels chaque jour.

Avec des pics le dimanche soir entre 19 et 23 heures et, bien évidemment, en période de plan de sauvegarde de l'emploi.

CLAUDE FOUQUET, 

Les Echos